Claude Monet, Cathédrale de Rouen - Le portail au soleil, 1892 - MOMA
« En regardant un jour la collection Chtchoukine, j’ai vu de nombreux visiteurs s’efforcer à discerner les contours de la cathédrale (...) mais comme les taches floues n’en exprimaient pas clairement les formes, le guide nota qu’il avait déjà vu ce tableau autrefois et qu’il se rappelait qu’il était plus net ce jour-là; il finit par déclarer que le tableau avait déteint depuis. En même temps, il décrivait les charmes et les beautés de la cathédrale. Un visiteur fit une proposition originale, suggérant d’accrocher une photographie de la cathédrale à côté de la toile : le peintre ayant peint les couleurs, la photographie pouvait donner le dessin, et alors l’illusion serait totale. Mais personne n’avait vu la peinture elle-même, n’avait vu les taches de couleur bouger, croître à l’infini. (...) En réalité, tous les efforts de Monet tendaient à cultiver la peinture qui poussait sur les murs de la cathédrale. Ce n’étaient pas la lumière et l’ombre qui constituaient son objectif principal mais la peinture placée dans l’ombre et dans la lumière (...). Si Claude Monet avait absolument besoin des plantes picturales qui poussaient sur les murs de la cathédrale, par contre, on peut dire qu’il considérait le corps même de cette cathédrale comme les plates-bandes des surfaces-plans sur lesquelles poussait cette peinture nécessaire (...). Lorsque l’artiste peint, il plante de la peinture et l’objet lui sert de plate-bande : il doit alors semer la peinture de manière à ce que l’objet disparaisse car c’est de lui que sortira la peinture que voit l’artiste. »
Kasimir malevitch, Vitebsk, 1919.