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1 juillet 2020 3 01 /07 /juillet /2020 12:02
Les Sables d'Olonne (85), Musée de l'Abbaye Sainte-Croix & Abbaye St-Jean d'Orbestier, commissaire de l'exposition "Clément Bagot. Habiter l'espace", jusqu'au 27 septembre 2020...
Les Sables d'Olonne (85), Musée de l'Abbaye Sainte-Croix & Abbaye St-Jean d'Orbestier, commissaire de l'exposition "Clément Bagot. Habiter l'espace", jusqu'au 27 septembre 2020...

D’un lieu à l’autre, de l’abbaye St-Jean d’Orbestier à la Croisée du MASC, c’est un ensemble d’œuvres à deux directions qui y ont été réunies. D’une part, une dizaine de pièces s’offrant à voir comme des petits mondes en soi, à la dimension de ces maquettes que réalisent les architectes pour rendre compte visuellement de leurs projets. A leur différence toutefois, les « microcosmes » de Bagot fonctionnent de manière totalement autonome et nécessitent de les découvrir de près, en s’y penchant, en les contournant, comme pour en percer le secret. De l’autre, deux constructions, complémentaires dans leur façon d’habiter l’espace, l’une confinée, l’autre éclatée, structurant celui-ci, invitant le regardeur à la possibilité d’une traversée, sinon d’une déambulation. L’art de Clément Bagot est requis par l’architecture, partant par une puissante relation au corps pour ce qu’il est le vecteur primordial d’une inscription spatiale. Parce que, selon Paul Valéry, « l’espace est un corps imaginaire comme le temps un mouvement fictif », l’expérience de l’œuvre chez Bagot se double d’une réflexion sur le temps. Le binôme espace-temps y trouve d’ailleurs des formulations nourries de sa passion tant pour les actions radicales et quasi déraisonnables de Gordon Matta-Clark que  pour la science-fiction et le cinéma, de Jules Verne à Stanley Kubrick et George Lucas. A l’expérience de son travail, la question majeure que pose Bagot est celle de l’implication du spectateur à l’œuvre, de sa capacité à y entrer, mentalement ou physiquement. Sa préoccupation est somme toute de résoudre une interrogation essentielle : comment faire que l’espace de l’œuvre devienne l’espace du spectateur ?

  

   Le choix qu’a fait Clément Bagot de placer ses « microcosmes » à l’abbaye St-Jean d’Orbestier sur des fragments de petits murs en parpaing, disposés çà et là dans l’étendue de la nef, confère au lieu l’allure d’un site archéologique inattendu, dans un rapport d’échelle opposé. L’effet est simultanément renforcé par l’appareil de pierre à cru de la bâtisse, par la nature sableuse du sol, par le côté brut des matériaux employés et par le dispositif d’éclairage ponctuel, directement ciblé sur chacune de ses œuvres, qui les fait vivre, voire les anime. Faites de toutes sortes d’éléments matériels – pièces en plexiglas, transparent ou opaque, morceaux de mètres gradués, agrafes et profilés métalliques, etc. -, celles-ci présentent l’aspect tantôt de stations ou de navettes spatiales, tantôt de mystérieux monuments d’un âge innommable. Il y va du paradoxe d’une temporalité qui mêlerait de façon improbable le passé et le futur au présent du regardeur. Quelque chose d’un temps suspendu – qui fait écho à la mémoire de la bâtisse religieuse – est à l’œuvre dans cette rencontre entre un monde de matériaux et de formes élémentaires et un imaginaire complexe et dense, façon troisième type.

   Procédant toutes deux de l’idée de passage – terme commun employé dans leur titre respectif -, les deux imposantes structures installées sous la croisée du patio du musée de l’abbaye Sainte-Croix offre au visiteur l’occasion d’une autre forme d’expérience. Conçues comme des architectures savamment élaborées, faites de l’association de pièces de bois et d’autres métalliques, combinés les unes aux autres, celles-ci déterminent comme des lieux à vivre le temps d’une traversée. Des édifices construits dans l’espace qui, par leur fonction de transition, le structurent différemment, lui confèrent une lecture singulière, partant en proposent une appréhension autre. Ainsi, livrés à l’imaginaire perceptif et expérimental du visiteur, celui-ci fait siens tout à la fois le lieu même de l’exposition et les œuvres qu’il recèle.

Philippe Piguet,

commissaire de l’exposition

 

[1] - Paul Valéry, Tel Quel, Paris, Gallimard, 1944.

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4 juillet 2014 5 04 /07 /juillet /2014 11:47

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Le-Chateau-d-Olonne---Lionel-Sabatte---ete-2014---2.jpg

 

 

"Tour à tour peintre, sculpteur et dessinateur, voire vidéaste, Lionel Sabatté appartient à cette famille d’artistes qui n’établit ni hiérarchie, ni barrière entre les différents moyens d’expression dont il exploite les qualités. Il siérait mieux de dire « explore » tant la démarche de l’artiste relève du mode de l’exploration, entendu au sens le plus expérimental du terme, ainsi que l’indiquait le titre de sa toute dernière exposition à l’Aquarium de Paris, « La Fabrique des profondeurs ». Il y va en effet chez lui tout à la fois de l’idée de fabrication, au sens de l’homo faber – comme on a pu l’attribuer jadis à César quand il était passé maître ès sculpture métallique soudée – et de la quête de quelque chose de profond qui renvoie bien plus à l’idée d’une intensité qu’à celle d’un simple abîme. Qu’il peigne, qu’il dessine ou qu’il réalise des sculptures, la surface des choses n’est pas son fait. Si, côté volume, il dédie son art pour l’essentiel à l’élaboration d’un bestiaire, il ne se réclame pas pour autant comme sculpteur animalier et il a raison. Non seulement cette terminologie est aujourd’hui désuète mais elle ne correspond pas à la démarche de l’artiste. Chez Sabatté, la figure animale n’est somme toute qu’un prétexte à la mise en forme d’« un autre monde » - titre retenu pour son exposition à Saint-Jean d’Orbestier - qui vise à souligner la nature même de la création au regard du jeu dialectique entre le vivant et l’artificiel [...)"

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30 juin 2014 1 30 /06 /juin /2014 09:53

 

 

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Où donc est passé le réel ?

Florent Belda, Valérie Belin, Damien Cabanes,

Philippe Cognée, Nathalie Dubois Dauphin/ Stéphane Vigny,

Esther Ferrer, Didier Hébert-Guillon, Christian Lhopital,

Loriot-Mélia, Marguerite Peltzer, Philippe Ramette,

Lionel Sabatté, Ji-Yeon Sung.

 

Pour la saison 2014-2015, la programmation de la Chapelle de la Visitation s’appuie sur une problématique transversale autour de la « Question de modèle ». Première des quatre expositions qui la composent, « Où donc est passé le réel ? » trouve son origine face à l’interrogation que suscite une sculpture aux allures de griffon, mi-animal, mi-humain, implantée en ville, et qui interpelle le regard sur la réalité d’une telle figure et de son modèle. A l’appui de cette expérience, l’idée est de proposer un rassemblement d’œuvres visant à mettre en exergue comment nombre d’artistes s’interrogent à propos du réel en nous offrant à voir des images troublantes, bizarres, voire incongrues, qui remettent en question notre perception de la réalité.

Il en est ainsi des images irrationnelles de Philippe Ramette, des sosies troublants de Valérie Belin, des figures diaboliques de Christian Lhopital et de celles énigmatiques de Ji-Yeon Sung. Les vrais-faux loups de Lionel Sabatté, le combat d’acariens de Florent Belda, la barrière anti-émeute ouvragée de Stéphane Vigny, les grimaces d’expression d’Esther Ferrer sont autant de propositions qui procèdent d’un détournement du réel remettant puissamment en cause nos habitudes perceptives. Quant aux portraits ou autoportraits de Philippe Cognée et de Damien Cabanes, ils assignent leurs modèles à l’ordre d’une vision décalée qui n’en est pas moins révélatrice de leur personnalité. Si c’est au merveilleux que fait appel l’inventive installation-projection de Loriot et Mélia, laquelle du chaos fait butiner une abeille, les œuvres minimales de Didier Hébert-Guillon ne s’en privent pas moins, notamment dans cette façon de renvoyer le regardeur d’un cartel à sa propre image.       

En fait, les œuvres présentées à la Chapelle de la Visitation le sont pour ce que le réel s’y trouve tour à tour et tout en même temps décalé, déformé, substitué, fantasmé, transcendé, etc. Bref, tout un monde de figures possiblement réelles mais plus ou moins étranges, issues tant d’expériences vécues ou rêvées que de visions éprouvées ou imaginaires.

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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 23:48

Cette expostion est inscrite dans le cadre d'un ensemble de trois expositions

intitulé "En trois temps", présenté au musée pour l'été...

 

Mitchell - 2

 

 

Mitchell---1.jpg

 

Joan Mitchell, figure majeure de l’abstraction américaine, s’est installée à Vétheuil, en bordure de la Seine, à la fin des années 1960. Pendant  plus de vingt ans, elle va y puiser les motifs d’une aventure picturale exceptionnelle.

A partir de 1967, l’installation du peintre au bord du fleuve, profite à son art en étendue et en lumière. Sur le plan formel, l’artiste développe toute une production de polyptyques, témoignage d’une appréhension élargie de l’espace tel qu’il se déploie sous ses yeux, notamment le paysage dilaté qui s’offre à voir depuis les hauteurs de sa propriété. Vivant en totale osmose avec la nature, elle crée d’infinies variations sur le paysage qui s’offre à elle dans, autour et depuis les hauteurs de sa propriété.  L’énergie du geste, la précision de la touche, la densité de la couleur se font  de plus en plus intenses, multipliant les tons les plus variés : des noirs et des bleus cobalts, des jaunes brûlant de soleil, des verts gazons et des bleus clairs.

Autour de Joan Mitchell est ici présenté un ensemble d’œuvres d’artistes qui s’imposent au regard de la relation qu’elle avait pu entretenir avec eux, concrètement ou non : Monet, Riopelle, Jaffe, Reigl, Frydman, Kirkeby, Benzaken.  Qu’il s’agisse de la figure tutélaire de Monet ou de celle affective de Jean-Paul Riopelle. Qu’il s’agisse de l’une de ses compatriotes, Shirley Jaffe, venue pareillement s’installer en France à la fin des années 1940, de Judith Reigl, arrivée de Hongrie en 1950, ou de Monique Frydman : ce sont là des personnalités qui, à des titres divers, ont connu ou rencontré Joan Mitchell, voire exposé avec elle. Ajouter à cette liste un peintre comme Per Kirkeby relève du rapprochement sensible et intelligible de son travail avec celui de Joan. Enfin, y trouver une petite peinture sur papier faite à quatre mains avec Carole Benzaken témoigne de l’attention que Joan Mitchell a toujours portée à l’égard des plus jeunes.

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5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 09:50
  
 
African-Way-1.jpg African Way 2
 
Dernière de la saison 2013-20134, l’exposition « African Way » s’inscrit dans le cadre de l’une des quatre thématiques sur lesquelles s’est appuyée depuis trois ans la programmation de la Chapelle de la Visitation - à savoir dans ce cas, « Nomadisme/Mondialisme ». Cette exposition est l’occasion d’aller à la rencontre du travail d’artistes qui appartiennent à l’une des scènes artistiques les plus dynamiques qui soient, l’Afrique. Si les artistes occidentaux ont longtemps emprunté certains de ses modèles à l’Afrique, la richesse d’invention de nombreux artistes africains contemporains est depuis la fin du siècle dernier porté au premier plan de l’activité artistique internationale. En l’espace d’une trentaine d’années, la scène africaine a ainsi intégré les réseaux et les circuits du monde de l’art contemporain. Constat, aperçu et découverte.
 
Philippe Piguet,
 
commissaire chargé des expositions
 
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19 janvier 2014 7 19 /01 /janvier /2014 12:15

 

Troisième de la saison 2013-2014, l’exposition consacrée à Claire Tabouret s’inscrit dans le cadre de l’une des quatre thématiques - à savoir « Identité/Altérité » - sur lesquelles s’appuie la programmation de la Chapelle de la Visitation.

 

 

 

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Claire Tabouret décline toute une production de figures enfantines ou adolescentes, peintes et sculptées, empruntées à des images du passé, issues tant d’archives photographiques familiales que de documents anonymes.

Qu’elles soient représentées en groupe ou individuellement, elles sont souvent déguisées, voire masquées, posant frontalement dans un vis-à-vis cinglant du regardeur, à moins qu’elles ne retournent en fait leur regard sur elles-mêmes.

A cette production fait écho une sélection d’autoportraits qui relèvent d’un exercice quotidien et qui soulignent la dimension résolument incarnée de la démarche de l’artiste.

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17 novembre 2013 7 17 /11 /novembre /2013 23:24

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A première vue, les œuvres de Clément Bagot s’offrent à voir dans un trouble formel qu’excède l’évidente complexité de leur composition. Tout y apparaît de l’ordre d’une élaboration savante et d’une densité proliférante en vue de brouiller le regard, lui faire perdre ses repères et l’inviter à l’expérience d’une appréhension inédite du monde. De mondes imaginaires - faudrait-il dire - parce que rien chez lui ne semble adossé à quoi que ce soit du réel. Si peu du moins, quelques rares ponctuations identifiables mises à part. Curieusement, cette dimension abstraite est rattrapée visuellement par ce que le regard qui s’attarde est lentement renvoyé à la conscience de choses vues ou simplement rêvées, concrètes et nommables. Telle sculpture nous rappelle au souvenir émerveillé des premières stations spatiales ou des projections utopiques de la science-fiction ; tel dessin à la découverte stupéfaite des mystères de la vie comme on peut les contempler les yeux rivés à un microscope. L’art de Clément Bagot procède ainsi de l’idée de révélation et du soin de mettre à jour quelque chose d’un secret sans qu’il soit possible d’en préciser jamais la teneur...  

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7 juillet 2013 7 07 /07 /juillet /2013 07:34

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Pendant quelque cinquante ans, il n’a eu de cesse d’arracher des affiches et de les transformer en tableaux. Il y a une dizaine d’années, Jacques Villeglé, né à Quimper en 1926, figure majeure du Nouveau Réalisme, a décidé de mettre un terme à cette activité. En revanche, il a choisi de développer son œuvre d’écriture fondée sur un alphabet socio-politique créé en 1969 et tiré des inscriptions sur les murs de la ville. Dessins, sculptures et bas-reliefs, voire architectures, déclinent tout un monde de mots en liberté, proclamés pour eux seuls ou organisés en textes, qui interpellent le regard et la pensée. Si, à 87 ans, Jacques Villeglé n’a pas dit son dernier mot, c’est parce qu’il est un être libre et un artiste d’une richesse d’invention inédite.

 

 

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29 juin 2013 6 29 /06 /juin /2013 12:54

A ne manquer sous aucun prétexte !!!

 

 

 

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Première de la saison 2013-2014, l’exposition « Georges Rousse, anamorphoses » s’inscrit dans le cadre de l’une des quatre thématiques - à savoir ici, « Pièce unique » - sur lesquelles s’appuie la programmation de la Chapelle de la Visitation de Thonon-les-Bains. Cette exposition est l’occasion d’aller à la rencontre d’un artiste photographe qui recourt au principe de l’anamorphose. Intervenant dans des lieux destinés soit à disparaître, soit à être réaménagés, ou sur des sites patrimoniaux, Georges rousse en appelle aussi bien à la peinture, à la sculpture qu’à l’architecture. Si l’espace est sa matière première, c’est pour y révéler une figure que lui suggère l’esprit des lieux et qui n’est visible que d’un seul point de vue. L’œuvre qu’a réalisée l’artiste in situ, spécifiquement pour la Chapelle de la Visitation, offre au spectateur l’occasion d’une expérience visuelle unique en son genre. L’exposition sera accompagnée d’autres créations photographiques de l’artiste.

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1 juin 2013 6 01 /06 /juin /2013 11:30

Inscrite dans le cadre du deuxième festival "Normandie Impressionniste"...

une exposition atypique avec une oeuvre de Claude Monet

qui n'avait encore jamais été présentée au public !

 

Une quarantaine d'oeuvres : peintures, dessins, gravures & céramiques...

dont une dizaine d'oeuvres qui ont été exposées

lors de l'une des huit expositions impressionnistes entre 1874 et 1886...

 

à voir : Monet, Renoir, Sisley, Degas Pissarro, Rouart,

             Guillaumin, Lépine, Bureau, Cals, etc....

 

Louviers---carton.jpg

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